Afin de sensibiliser les Canadiens aux effets concrets de la nouvelle loi antiprostitution, adoptée l’an dernier, des universitaires ont imaginé un jeu vidéo où le joueur incarne une travailleuse du sexe qui doit gagner de l’argent tout en restant en vie…
Un jeu pas racoleur
The Oldest Game est un serious game sorti fin février autour d’un sujet assez délicat à aborder et surtout à gamifier : la prostitution. Si le principe peut paraître de mauvais goût, l’objectif était bel et bien de sensibiliser les joueurs alors que la prostitution dans les jeux vidéo a jusqu’ici traité de façon superficielle et avec beaucoup de clichés dans des titres comme GTA ou Saints Row.
L’idée du jeu est née à l’occasion de l’adoption de nouvelles lois antiprostitution qui ont fait largement polémique au Canada, et notamment la loi C-36 qui criminalise les clients et les proxénètes et interdit la publicité pour la vente de services sexuels. Des mesures dénoncées par les travailleuses du sexe, qui redoutaient à la fin de l’année dernière que la loi ne les force à accepter des clients potentiellement dangereux et ne les pousse à travailler dans des endroits reculés.
Une équipe de chercheurs de l’université Concordia de Montréal a alors souhaité mettre le joueur face à la réalité du métier de prostituée, bien trop souvent décrié.
Un jeu récent pour le plus vieux métier du monde
Le joueur incarne donc Andréa, une travailleuse du sexe qui exerce au choix à Toronto, Montréal ou Vancouver, les trois plus grandes villes du pays. Le but du jeu est simple : se faire le plus d’argent possible et rester en vie. Il faudra donc savoir évaluer la dangerosité d’un client, signaler son arrivée ou non à la réception d’un hôtel ou encore s’assurer d’une présence humaine et amicale en bas de l’immeuble pendant la passe.
Des problématiques fréquemment rencontrées par les prostituées et auxquelles les créateurs du jeu ont voulu sensibiliser les habitants du pays. « Nous voulions créer un jeu qui va au fond du système et souligne la complexité de la situation, afin que les citoyens comprennent exactement ce qui est en jeu quand on parle de prostitution », détaille Sandra Gabriele, une des créatrices du jeu.
Un message fort pour une initiative qui l’est tout autant.