Alt-Minds, la première « Fiction totale »

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Alt-Minds, nouveau jeu d’Eric Viennot, directeur du studio Lexis Numérique, vient d’être annoncé au travers d’un teaser très attendu.

Transmedia et jeux video

Presque 10 ans après son œuvre In Mémoriam (2003), Eric Viennot en partenariat avec Orange ouvre à nouveau la voie du transmédia dans les jeux vidéo en proposant la première « Fiction totale ». Alt-Minds n’est pas un simple jeu vidéo expérimenté depuis un seul support. Sa spécificité consiste en une interconnexion de multiples dimensions allant du smartphone et la tablette jusqu’aux réseaux sociaux, suivant le fil de la toile virtuelle jusqu’à la vie réelle.

Le transmédia, comme le définit Henry Jenkins, professeur au MIT (Massachussets Institute of technology), est un mélange des médias, des supports, qui convergent en terme de contenus vers une fiction, une histoire, un but commun. Cette nouvelle forme de narration permet de créer une expérience inédite, usant de ressorts et d’usages différents dans l’objectif d’offrir à l’utilisateur une expérience inédite et totale. Cette expérience transmédia permet la création d’une fiction ubiquitaire capable de mettre le joueur en état d’immersion.

Le jeu n’est plus prisonnier des cadres d’un écran mais implique le joueur dans une dimension totale, interconnectée avec la vie réelle. Cette implication est concrète, le joueur découvre une nouvelle forme d’interactivité et de participation. Fusion entre fiction et réalité, Alt-Minds s’annonce comme une curiosité à ne pas manquer, témoin des changements des usages de notre société. Le concept de fiction totale développé par Eric Viennot, n’est pas sans faire penser au concept d’ « art total », mais regroupant ici les médias de notre époque, en utilisant par exemple la grammaire et les mécaniques vidéoludiques ou encore cinématographiques, tout en s’immisçant dans notre vie quotidienne.

Jeux vidéo et cinéma se rapprochent

Bien que différentes œuvres transmédia aient vu le jour, on peut notamment citer les ARG (Alternative Reality Game) comme The Beast en 2001 à l’occasion du film A.I ou bien Why so serious ? à l’occasion de la sortie du film The Dark Knight en 2008, Alt-Minds repose sur la complémentarité de nouveaux médias et de nouveaux usages. Le jeu sera disponible à l’automne 2012. En attendant, un site web est disponible : http://www.alt-minds.com/fr

Le transmédia va prendre de plus en plus d’ampleur et séduire de plus en plus de public par sa capacité engageante et diversifiée, impliquant le joueur jusque dans son quotidien. On peut dès lors se demander quand nous verrons apparaitre les premiers serious game transmédia ?

Bertrand de Kersabiec

5 commentaires

  1. Claire SIEGEL on

    Absolument ! Alt-Minds n’entre pas dans la catégorie « serious game ». Les ARG pourraient être entendus comme possédant certaines affinités avec les advergames lorsque leur visée est commerciale, comme dans le cas de la promotion de certains films. Et encore… leur but est plutôt de renforcer la communauté de fan déjà installée autour de ces productions plutôt que de chercher de nouveaux adhérents. Alt-Minds ne s’inscrit pas dans une visée commerciale mais dans une perspective vidéoludique, aspect novateur et encore peu exploité dans les jeux vidéo. Le transmédia est assez récent et commence à séduire de plus en plus les studios de jeux vidéo.

    Il existe cependant des « Serious ARG », comme Monet numérique plongeant le joueur dans un polar autour de l’impressionnisme du XIXème siècle, réalisé par le CCA (Conseil de la Création Artistique) et la RMN (Réunion des musées nationaux), ou bien encore comme World Without Oil (Independant Television Service) où une trentaine de joueurs ont été confrontés à un scénario catastrophe de pénurie d’hydrocarbures, et où les solutions envisagées par les joueurs ont été regardées sérieusement comme une exemplarité du travail collaboratif et de l’intelligence collective que le média des jeux vidéo semblent privilégier.

    En soi, il n’existe pas de limite entre ARG et serious game, il suffit que l’ARG possède une autre finalité que le simple divertissement pour pouvoir entrer dans la catégorisation « serious game ». L’ARG se rattache pour l’instant presque exclusivement au domaine du loisir et du divertissement, bien qu’il possède souvent des finalités marketing. Il représente un nouveau genre de jeu dont les mécanismes et motivations pourraient être exploités dans le domaine du serious game.

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